17. Le prisonnier

Encore deux jours à tenir dans la menuiserie de la semaine dernière. Rien de réjouissant tant ce décor, situé le long d’une artère importante, dans une zone industrielle, est bruyant, poussiéreux, sale, moche et dangereux.

Départ comme d’habitude à 6h00, la route est connue puisque pour aller à Impaputo, la veille, nous sommes passés devant cet endroit situé au début de l’EN2 . Pas besoin donc de notre poisson pilote.

Alors que la production avait été relativement discrète sur le départ de Teresa, celle-ci, dans un petite note qu’elle a fait mettre à la feuille de service, remercie l’équipe pour sa gentillesse et la confiance qu’elle lui a accordée sur le plateau. Une dernière pensée tout à son image, une fille sympathique et charmante.

C’est sur ce décor maudit que Inês s’était blessée à la cheville, et si nous l’avons brièvement vue sur le plateau mercredi au stade de foot, elle n’était pas à Impaputo, il n’était pas raisonnable de reprendre le travail si tôt avec une telle blessure.

Nous faisons donc la connaissance d’un nouveau second assistant image, Karl qui habite Maputo. Je suis tout de suite en sympathie avec lui, consciencieux, attentif, et pas uniquement tourné vers l’image. Bonne pratique du plateau, contact facile, il prend sa place dans l’équipe très rapidement et assure parfaitement son travail.

Nous nous retrouvons toute la journée dans la salle d’entretien des outils de la menuiserie, elle a l’avantage pour nous d’être fermée, et le plus éloignée possible de la route à 2×2 voies, mais elle est particulièrement salissante, de graisse, de limaille de fer, et les machines outils, aiguiseuses, polisseuses, sont de redoutables obstacles, on s’y cogne aisément et ça fait mal.

Après leur arrivée dans la ville de la République des Enfants, les cinq enfants soldats ont été séparés. Toni blessé est toujours à l’hôpital, Aymar à la recherche d’un endroit pour se soulager a fini par disparaître dans la ville, Bia a été recrutée par Chico pour travailler à la menuiserie. A la suite d’une bagarre à l’hôpital, Fatima et Mon de Ferro sont jetés sans ménagement dans ce local fermé, prisonniers des enfants.

Mon de Ferro qui avait précédemment déjà fortement abusé des médicaments, est à la recherche d’un substitut à sa dépendance, il trouve de la colle qu’il sniffe profondément et il finit par s’écrouler au sol malade à en vomir.

La scène est assez découpée :

  1. plan très large, les deux sont précipités dans la pièce par un groupe d’enfants excités.
  2. plan plus serré, Mon de Ferro fouille les pots de peinture à la recherche d’un stupéfiant.
  3. plan large à nouveau, dialogue entre Fatima et Mon de Ferro qui finit par s’écrouler au sol.
  4. plan serré sur Mon de Ferro qui sniffe et envoie balader un pot contre le mur sur lequel il croit voir le chien qui le poursuit.
  5. plan serré sur Mon de Ferro qui menace le chien imaginaire.
  6. plan du pot de peinture qui se répand sur le mur.
  7. plan large de Mon de Ferro vomissant au sol et Fatima le rabrouant.

La lumière vient à la fois de la longue fenêtre qui borde un côté de la pièce et d’une face relativement haute sur laquelle Paulo a placé un drapeau pour couper en tête. Ça me permet, dans les limites du cadre, de pouvoir à peu près percher cette séquence, mais les principaux plans du dialogue sont assez larges. Les nombreux objets du décor permettent de placer un micro d’appoint quand c’est nécessaire. Enfin j’installe l’USM 69 à l’extérieur de la pièce pour avoir un éventuel raccord d’ambiance.

L’intérieur où la circulation est à peine audible, un fond constant indiscernable, est assez réverbérant et le KM 150 convient à merveille pour ce genre de décor.

Hedviges et Joyce sont parfaitement convaincants dans leur scène, et le tournage de celle-ci, avec ses nombreux plans, passe dès lors assez vite.

Dans le seconde séquence de la journée, alors que Mon de Ferro est étendu au sol, en train de dormir, Chico entre dans la pièce pour leur apporter à boire tandis que des enfants viennent travailler sur des objets de bois posés sur un râtelier. Bref échange de dialogue entre Fatima et Chico.

La lumière a changé entre temps, l’axe de la caméra a été inversé. Premier plan large de situation dans lequel les enfants sont assez bruyants, d’autant plus que la porte laissée ouverte laisse clairement percevoir la circulation. Puis plans plus serrés sur chacun. Maurice est quelque peu mou, absent, et cela semble énerver Flora. Néanmoins le tout est expédié en moins d’une heure trente.

Finalement dans ce décor clos, on s’en sera tiré mieux que prévu, une journée ordinaire, quelque peu routinière et guère passionnante. Et la troisième scène prévue à la feuille sera tournée un autre jour dans un autre décor, si on a le temps !

 
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