La cabine des Marx

Il est d’usage en France de regrouper matériel caméra et matériel son dans le même camion, le plus souvent un 22 m³, avec hayon, si on a de la chance, mais le véhicule se retrouve vite en surcharge, parfois mieux un 26 ou 30 m³ avec hayon (mais qui nécessitent alors un permis poids lourd).

L’idée de Joana, notre directrice de production portugaise, était donc de nous mettre dans le minibus de la TIM prévu pour l’image. Elle n’escomptait sûrement pas nous voir arriver avec deux roulantes, l’une de 70x70x140 cm, l’autre de 50x50x105 cm, et … une quinzaine de petites caisses, sans parler de celles que nous laisserions au bureau, quelques 400 kilos de matériel en tout.

Nous avions terminé la journée de samedi en rangeant tout le matériel dans les bureaux de production, d’un accès peu pratique, au bout d’un escalier en colimaçon de moins d’un mètre de large. J’avais finis par hisser le tout à l’aide d’une corde par dessus la terrasse avec l’aide très efficace de Kyko, régisseur adjoint.

Cet après-midi, Bob est donc là à attendre avec son ancien minibus de la Télévision Indépendante du Mozambique, l’autocollant TIM en faisant foi.

Bob semble être un type sympa, toujours à l’affut d’un coup de main à donner, solide gaillard, d’une allure à la fois sérieuse mais joviale, une espèce de force tranquille. De plus il parle anglais. C’est lui qui m’aide à redescendre toutes les caisses à la corde tandis que Pierre se charge (aux sens propre et figuré) des roulantes avec Kyko dans l’escalier.

La République des enfants - Camions électro, caméra et groupe

La République des enfants - Camions électro, caméra et groupe

Voilà tout le matériel aux portes du minibus (sur cette photo, il est sur le trottoir entre le groupe électrogène et le camion électro, cliquer dessus pour agrandir). Entre la partie qui avait servi à la régie vidéo et le coffre arrière, il devait y avoir 10 m³ utiles tout au plus. Dont une partie était occupée par une table indémontable, des structures de métal très encombrantes et une climatisation qu’on pouvait juste repousser dans un coin.

Rien n’était prévu pour pouvoir sangler, aucune accroche vraiment possible, pas de paroi suffisamment haute et large pour appuyer les roulantes, la trappe du coffre était une véritable guillotine à vous faire le coup du lapin si vous tentiez d’y aller chercher un objet dans la précipitation, mais nous avions promis d’essayer à tout rentrer, au moins pour une journée.

Fort logiquement, on commence par les roulantes, il nous faut pas moins de 8 sangles pour arnacher correctement le tout dans toutes les directions de mouvements possibles, quand il nous en faut trois ordinairement. Soit autant de temps le matin et le soir à perdre ! La moitié de la cabine était déjà pleine.

On empile les caisses, les plus utiles pour la face à l’avant, les autres dans le coffre, autant dire que la pauvre Silene avait de quoi être fort mécontente quand elle vint voir qu’il lui restait 3 m² de surface et la table pour mettre tout son barda. Les rapports vont être tendus si nous devons continuer ainsi !

Bref, tout finit par rentrer, dans un ordre qui exigeait que l’ensemble du matériel caméra soit sorti avant que nous puissions envisager d’utiliser le nôtre. L’intention était bien de démontrer le ridicule et l’impraticabilité d’une telle situation afin de faire le forcing le lendemain auprès de Joana et Mano, soit pour avoir un véritable camion, soit une autre véhicule dédié au son. Mano semble pouvoir accepter cette dernière solution, à condition que cela ne nécessite pas d’autre chauffeur, je tope là, soit, je conduirai s’il le faut (à gauche), j’en prends le pari et la responsabilité.

Mais en attendant, Joana, soutenue par Yardena, la régisseuse principale, véritable adepte de la méthode Coué, sans doute justifiée par des problèmes d’ordre financier, avait insisté, donc nous ferons ainsi le premier jour.

La nuit était là, demain lever 4h45, petit déj. à 5h15, départ hôtel 5h40, ce soir rapide dîner à l’hôtel et dodo à 20h30.

 
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