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Quand les effets spéciaux débarquent sur un plateau, on imagine souvent que ce sera une journée tranquille pour le son ! Entre les ventilateurs, la fumée, l’agitation des techniciens SFX, il n’est guère possible de faire un son propre. Par ailleurs les mises en place sont interminables, la matinée risque d’être longue… et poussiéreuse.
Ce matin, tournage dans le parc du jardin botanique de Maputo, derrière le Centre Culturel, à 250 mètres de ma chambre d’hôtel. Il me faut néanmoins aller récupérer notre nouveau « Van Som » au parking du CCFM, et le descendre jusqu’à l’entrée du parc. Par prudence, je suis au plus près le « Van Imagem » de Bob, on ne sait jamais, même sur 100 mètres, un policier obtus est capable de vous créer les pires ennuis. Comme hier, long palabre avec la régie pour savoir où se garer. Il n’y a pourtant pas 36 000 emplacements ?
Maputo - Restaurant du Pestana Rovuma
Enfin une grasse matinée qui se mérite. Hors de question de se lever à 5h00 comme la veille, mais les rythmes biologiques s’étant adaptés, il faut avouer que beaucoup d’entre nous étaient au petit déjeuner dès 8h00 du matin, rien ne presse pourtant, il est servi jusqu’à 10h00.
C’est lundi, il y a peu de monde dans la salle, nous ne sommes pas vraiment en saison touristique et la Coupe du Monde est encore loin. Quelques hommes d’affaire, probablement Sud Africains. Des portugais, bien évidemment.
Plusieurs fois la semaine passée, nous avions croisé les équipages de la TAP, tout aussi matinaux que nous, en provenance de, ou en partance pour, Lisbonne ou Johannesburg, selon les jours. Mais pas aujourd’hui.
Rendez-vous vers midi pour un tour en ville, passeport en poche. L’heure est bien choisie, il fait une chaleur à crever et je ne suis pas certain que les Converse sans talon étaient le bon choix de chaussures !
Maputo - Villa portugaise
Dernier jour du mois de mai. Il fait gris et froid. L’hiver est déjà bien entamé.
Après une longue grasse matinée et un petit déjeuner copieux et tranquille, Ana, Dominique, Pierre et moi allons faire un tour dans le vieux quartier portugais de Maputo qui s’étend sur un quadrilatère de 800 mètres de côté entre la place de l’Indépendance et la Gare Centrale.
A peine avons-nous quitter le Centre Culturel que nous faisons déjà une première halte dans une pastelaria pour y déguster un excellent pastel de nata, un flan portugais dans une petite coupelle de pâte feuilletée.
Je ne bois pas de café, mais il a l’air aussi bon qu’en Italie. Le Coca mozambicain est plus sucré et gazéifié que dans de nombreux pays africains. Il faut le couper d’un peu d’eau.
La République des enfants – Pique-Nique
Vous connaissez maintenant le timing, lever 5h15, petit déjeuner 5h30, départ du Centre Culturel à 6h00. Bob nous a précédés, pas grave, nous allons retrouver la piste des plages.
Nous tournons à Chiango, une immense plaine envahie, il y a peu encore, par les eaux du delta du fleuve Nkomati.
Après 25 de Setembro, Marginal, voilà cette piste infernale aussi agitée qu’une promenade à dos de chameau.
Nous dépassons la mangrove de la deuxième semaine, traversons le village de pêcheurs de la troisième.
Il y a peu de monde à cette heure-ci mais la piste de sable me fait craindre l’enlisement, j’évite les coups de frein intempestifs et les accélérations inutiles en prenant soin de rester dans les traces, je n’ai pas fait le Paris-Dakar et j’ai l’impression que notre Toyota Noah, bien qu’il existe un modèle qui le soit, n’est pas du tout quatre roues motrices, tant la direction avant flotte.
La République des enfants – Waldemar et Gerhard
Aujourd’hui nous allons en avoir plein les oreilles vue la quantité de poudre noire que Gerhard a mis hier dans les bourres.
Une grande journée d’effets spéciaux nous attend sur la piste de Chiango que nous prenons pour la dernière fois et qui mène au décor du champ de mines de la séquence 2 du film.
Mais auparavant, reprenons le fil de l’histoire où nous l’avions laissé hier.
Mon de Ferro, au mépris de tout danger, a remonté la colonne d’enfants, en dehors des marques, pour engueuler Fatima alors qu’elle donnait une banane à son bébé en pleurs.
C’est à ce moment là que Toni, en tête de colonne avec Tigre, annonce « Mine ! ». Mon de Ferro se précipite vers eux et leur ordonne d’avancer en les traitant de lâches puis s’en va courir au milieu des mines pour leur montrer à quel point il est invincible.
Maputo – Vive l’Indépendance Nationale
Je ne sais pas si c’est par défi, inconscience, aveuglement, irrespect ou mépris que la production portugaise a décidé de tourner le jour du 35ème Anniversaire de l’Indépendance Nationale de son ancienne colonie, le Mozambique.
Cette nuit fut celle qui précède la tempête car nous avons été prévenus qu’il y aura de la musique et des festivités jusqu’à l’aube de la suivante.
Officiellement, le son est convoqué ce matin à dix heures. La veille Angela nous a spécifié que les premiers plans seront muets car tournés sur la plage avec un quad, si bien qu’elle nous a gentiment accordé grasse matinée jusqu’à midi.
À neuf heures du matin, je suis appelé en urgence par Yardena car la voiture, toujours stationnée Rua da Radio alors que les camions sont déjà partis, doit quitter les lieux. Elle me conseille de la garer sur le parking du Rovuma et elle me laisse là à me débrouiller tout seul avec les milliers de flics qui bouclent le quartier.
La République des enfants – Sur la piste
Il fait nuit noire. La Lune nous a abandonnés. Il faut suivre le minibus caméra, il faut suivre notre poisson-pilote. Il ne faut surtout pas le lâcher, nous nous perdrions dans les townships.
D’abord regarder à droite, ensuite à gauche, à droite, à gauche. Quand on tourne à droite, il faut aller au fond du carrefour. À droite, au fond, à gauche, tout de suite. Ça tourne, moteur, action.
Nous suivons. La ville est déserte, abandonnée, Samora Machel dévastée est jonchée de débris, sur la place de l’Indépendance, quelques voitures fument encore, partout des fruits écrasés ont bariolé la grisaille du macadam.
Le vent balaye une poussière rouge que la faible lumière des lampadaires n’arrive pas à percer.
À gauche dans Jardim Tunduru, des huttes de paille brûlent les derniers grains de millet de la saison, la fumée tourbillonne dans la tempête qui rugit et apporte de loin le chant des enfants dans une classe d’école.
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