Articles avec le tag ‘Pierre’

21. Champ de mines : progression

La République des enfants - Sur le champ de mines

La République des enfants – Sur le champ de mines

Nous avons deux jours pour réaliser la séquence 2 du film.

Après avoir quitté l’école en emmenant tous les enfants, quel que soit leur âge, le groupe de soldats et leur colonne d’otages arrivent dans une vaste zone désertique qui s’avère être possiblement un champ de mines.

En tête de colonne s’avance prudemment un des soldats les plus expérimentés, un pas en avant, arrêt, un autre pas, arrêt, à nouveau un pas, arrêt, encore un pas, arrêt, il avance avec une assurance indéfectible, même si chaque pas est une menace de mort.

Derrière lui, dans un ballet parfaitement réglé, chaque membre de la colonne en file indienne suit exactement le même rythme cadencé, en prenant soin de mettre précisément son pas dans la trace de celui qui le précède.

Quand le guide lève le pied droit, c’est toute la colonne qui lève le pied droit, quand il le pose, c’est toute la colonne qui le pose dans la marque précédente, quand il lève le pied gauche…

22. Champ de mines : explosions

La République des enfants - Waldemar et Gerhard

La République des enfants – Waldemar et Gerhard

Aujourd’hui nous allons en avoir plein les oreilles vue la quantité de poudre noire que Gerhard a mis hier dans les bourres.

Une grande journée d’effets spéciaux nous attend sur la piste de Chiango que nous prenons pour la dernière fois et qui mène au décor du champ de mines de la séquence 2 du film.

Mais auparavant, reprenons le fil de l’histoire où nous l’avions laissé hier.

Mon de Ferro, au mépris de tout danger, a remonté la colonne d’enfants, en dehors des marques, pour engueuler Fatima alors qu’elle donnait une banane à son bébé en pleurs.

C’est à ce moment là que Toni, en tête de colonne avec Tigre, annonce « Mine ! ». Mon de Ferro se précipite vers eux et leur ordonne d’avancer en les traitant de lâches puis s’en va courir au milieu des mines pour leur montrer à quel point il est invincible.

23. Mass evacuation

La République des enfants - Pierre et Rovuma

La République des enfants – Pierre et Rovuma

Il est bien agréable parfois de travailler à quelques pas de son domicile.

Le tournage a réinvesti la place de l’Indépendance, en particulier le grand escalier de l’Hôtel de Ville de Maputo et plus tard dans la journée les escaliers monumentaux de la place.

Le temps est assez frais ce matin, agréable après les grosses chaleurs que nous avions connues sur la piste de Chiango. Quelques nuages viennent même parfois masquer le soleil ce qui ne sera pas sans problème pour la lumière.

C’est le début du film, avant et après le Conseil des Ministres adultes.

Avant, c’est Nuta qui arrive au Palais pour y apporter les vêtements cousus pas sa grand-mère, là elle y rencontre Chico, le vendeur de mangues, que Nuta mène par le bout du nez.

Après c’est la débandade et la fuite des officiels du Palais, ainsi que celle de la population qui coure en tout sens sur la grand place.

24. Les fruits du Potemkine

La République des enfants - Place du Palais

La République des enfants – Place du Palais

Depuis plusieurs jours, Flora évoquait l’idée d’une avalanche de fruits dévalant le grand escalier du Palais. Une allusion évidente au film d’Eisenstein, greffé du symbolisme d’une corne d’abondance qui se tarit.

Une idée en l’air qui deviendra défi puis réalité.

Mais revenons avant tout au début de la journée, continuation laborieuse des plans de la foule fuyant la ville sur la grande place au pied du Palais.

En ce dimanche matin, la Place de l’Indépendance, faisant face à l’Hôtel de Ville de Maputo, est à nouveau totalement bloquée pour les besoins du tournage.

Nous avons 80 figurants, des enfants, des adultes, des vieillards, des femmes portant bébé dans le dos, quelques charrettes et animaux, deux ou trois voitures ou minibus, c’est une Afrique moderne et traditionnelle, riche et pauvre qui se côtoie dans la panique, une foule qu’Angela, Dino et Cossa vont faire courir, tomber, pleurer, crier tout au long de cette matinée.

Un lundi ordinaire

Maputo - Ebano Filmes sur Zimbabwe

Maputo - Ebano Filmes sur Zimbabwe

Ce lundi matin, je suis pris au pied du lit pour régler un problème en France et il me faut aller au bureau pour cela.

Depuis le début du mois, l’administration du film s’est installée dans les locaux de Ebano Filmes, la production exécutive mozambicaine dirigée par le très sympathique Pedro.

Les locaux sont assez loin de l’hôtel, dans le quartier des ambassades, sur Avenida do Zimbabwe. C’est simple, de l’hôtel il suffit de remonter tout Lenine jusqu’à Parça de Omm, tourner à droite sur Avenida Kenneth Kaunda, puis à gauche sur Rua de França et tout de suite à droite.

N’osant prendre seul la voiture, sans permis local, j’appelle Luisa qui nous sert de taxi privé et qui m’y emmène rapidement.

27. Admission dans la République

Attention, ce chapitre contient des images susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes, de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des moins de 12 ans.

En conséquence, veuillez activer  le contrôle parental de votre ordinateur.

Ça tombe bien, aujourd’hui nous avons tous les enfants du tournage, les soldats et les républicains, dont la petite Sarah, six ans, le jeune Bruno, à peine huit ans, Maurice, onze ans. Le spectacle qu’on leur impose est pour le moins choquant.

29. Salle d’attente

La République des enfants - Trois

La République des enfants – Trois

Chez le dentiste, chez votre médecin ou même à l’hôpital, les salles d’attente sont des lieux où par nature on s’embête.

Heureusement, il y a toujours un journal qui traîne pour faire passer le temps, un Paris-Match, un Gala ou un Voici, ces journaux de voyeur qu’il ne vous viendrait jamais à l’idée d’acheter en temps ordinaire, ou mieux un Okapi voire un Journal de Mickey qui vous replonge dans votre tendre enfance.

Mais aujourd’hui, là, dans cette salle d’attente du bloc Acácias de l’hôpital psychiatrique de Infulene, banlieue de Maputo, Mozambique, il n’y a rien.

Mais alors rien qui puisse vous donner envie d’y rester, pas même un vieil exemplaire du Monde qui eût comblé de joie Pierre !

La nuit porte conseil.

Le dernier plan de la journée d’hier est à refaire, les quatre prises de la veille iront directement dans le Bin Trash de Final Cut Pro. Nous allons donc faire ce plan autrement, selon l’idée de Flora.

30. Un dimanche de folie

La République des enfants -  Chapelle Infulene

La République des enfants – Chapelle

Nous sommes dimanche, ça roule un peu mieux qu’en semaine.

Comme nous n’avons pas besoin de beaucoup de temps de préparation avant le PAT (prêt à tourner, heure officielle du début du tournage), nous sommes partis une demi heure plus tard.

Nous tournons à l’extérieur, à quelques pas de la route EN1, devant la chapelle de l’hôpital. Ce dimanche tout le quartier est donc là à chanter les louanges du Seigneur. Il avait été dit à la régie que cela devait se terminer vers huit heures, ils sont matinaux ici les offices, de fait cela finira vers dix heures.

Après la mise à sac de la pharmacie, Mon de Ferro est sur la terrasse d’un bâtiment d’où il s’amuse à jeter les boîtes de médicaments qu’il a pillées dans les armoires de celle-ci. Arrivent alors au pied de celui-ci Chico et Nuta. Cette dernière s’inquiète pour Toni et est dépitée d’assister au gâchis de tous ces médicaments si utiles à la République des Enfants.

33. Chiango bloody Chiango

La République des enfants - Savane et USM 69

La République des enfants – Savane et USM 69

C’est ainsi que la feuille de service qualifie ce retour à Chiango.

Mais pour ma part, après huit jours de route EN1 et d’asile de fous, reprendre la piste de Chiango pour retourner sur le décor de la savane est un véritable plaisir.

Descendre Samora Machel, tourner à gauche sur 25 de Setembro, parcourir tout Marginal sur Costa do Sol, continuer tout droit pour prendre la piste, passer le village des pêcheurs puis le second hameau, nous voilà arrivés après la zone de tourbière et le petit canal.

À l’entrée du village des pêcheurs, un goulot d’étranglement ne laisse place qu’à un seul véhicule, le camion électro est bloqué là au milieu du chemin, enlisé profondément dans le sable.

Les bas-côtés sont totalement creusés, meubles, mais c’est la seule alternative possible. Un 4 x 4 y passe avant nous sans difficulté.

Je suis moins téméraire. Je fais marche arrière pour laisser la place aux véhicules qui arriveraient et nous réfléchissons à la meilleure façon de franchir cet obstacle avec notre Toyota Noah qui n’est pas tout terrain. Il faut prendre un maximum d’élan, foncer aussi vite que possible bien droit pour ne pas risquer de planter le train avant. Pierre descend pour écarter la foule déjà nombreuse à cette heure pourtant matinale.

34. Deux poids, deux mesures

La République des enfants - Mains dans les poches

La République des enfants – Mains dans les poches

Les jours se suivent et ne se ressemblent vraiment pas. Hier, le grand air, la savane, le soleil malgré un vent frais, le calme de la campagne. Les vacances en quelque sorte.

Aujourd’hui, la grisaille, le béton, la saleté, le froid hivernal, le bruit.

Nous voilà à nouveau dans un de ces décors incompréhensibles auxquels les repérages nous ont si bien habitués, surtout depuis Infulene. Il ne faut pas chercher à comprendre, ne cesse de répéter Pierre, mais comprendre pourquoi nous sommes là, c’est aussi comprendre le mode de fonctionnement des personnes qui choisissent les lieux.

Cela peut influencer les rapports que nous entretenons avec eux, permettre de mieux saisir leurs points de vue, s’accorder avec leur façon de penser et de travailler. Vous me direz, après six semaines de tournage, c’est un peu tard ! Et vous auriez raison, nous n’avons plus grand chose à attendre.

35. Le grand carnaval

La République des enfants - Flora

La République des enfants – Flora

Nous n’allons pas très loin ce matin, au croisement de Rua do Bagamoyo et de Rua da Mesquita, dans le bas quartier portugais que nous avions visité plusieurs fois. Il est six heures trente.

À peine avons-nous tourné à droite en bas de Samora Machel pour s’engager sur 25 de Setembro que deux flics en costume blanc, donc de la circulation, nous arrêtent. Exactement là où nous nous étions faits alpaguer avec Antonio lors de notre première sortie à la plage.

Décidément il faut absolument éviter cette partie de l’avenue, voilà pourquoi Bob préfère effectuer un détour en passant plus bas le long du port.

Passeport, permis français non valable ici, c’est mal engagé, c’est soit mille meticais qui s’envolent, soit le poste.

36. Les experts

La République des enfants - Les cols blancs jacassent

La République des enfants – Les cols blancs jacassent

Dernier jour de la semaine pour terminer la séquence du carnaval commencée hier dans Rua do Bagamoyo.

Pour éviter les fêtards tardifs des night-clubs environnants, le tournage commence un peu plus tard ce dimanche matin. Le son n’est convoqué qu’à sept heures et lorsque nous arrivons, le décor est déjà en place.

Un décor qui présente une infime nuance par rapport à celui d’hier. En effet, il nous est expliqué que certains éléments de décoration de la tribune sur le camion n’auraient pas plu à l’image, les trois derniers plans de la journée sont donc à retourner sans ceux-ci.

La raison officielle évoquée me semble tellement mineure et futile que je suspecte qu’il y en ait une autre beaucoup plus grave, mais je n’en dirai pas plus.