13. Dernier jour

La République des enfants - A l'aube

La République des enfants – A l’aube

Comme mardi dernier, nous voilà de retour en direction de Costa do Sol. Bob est parti un quart d’heure plus tôt, si bien que nous prenons la route seuls, le trajet est connu, Samora Machel, 25 de Setembro, Marginal le long de la côte.

Au début de celle-ci, il y deux endroits délicats pour qui n’est pas habitué à rouler à gauche, deux embranchements en fourchette, avec 4 directions imbriquées possibles, deux en sens inverses, deux dans le bon sens. Se tromper implique, dans le meilleur des cas de remonter vers le centre ville, dans les autres cas de se retrouver face à face avec d’autres véhicules. Heureusement, Pierre, veille et m’indique la bonne file.

Notez que les indications de sens de circulation sont faux sur Google Map, avec leur hégémonie western-centrique, ils ont oublié que le Mozambique roulait à gauche.

Pas d’itinéraire sur la feuille de service, Yardena nous a simplement indiqué que le décor est plus loin que la plage de la semaine dernière, il faut continuer la piste, une personne de la régie sera à l’entrée du premier village que nous allons croiser pour nous indiquer le chemin.

 

14. Football

La République des enfants - Bruno

La République des enfants – Bruno

La Coupe du Monde en Afrique du Sud, le pays voisin et frère, ne commence que dans deux semaines mais nous, nous sommes déjà à l’entrainement. Et croyez-moi si vous le voulez, avec une équipe pareille, on a quelques chances de ne pas aller loin.

Le décor est à cinq minutes à pieds de l’hôtel, il nous en a fallu autant en voiture, et bien une demi-heure pour se garer ! Non pas que les places de stationnement manquent, mais la régie, Yardena, une fois de plus, a été particulièrement lente à décider de la place de chaque véhicule, ainsi avons-nous jouer pendant un bon moment aux chaises musicales dans la cour du Groupe Sportif de Maputo.

A six heures du matin, ça énerve un peu.

Le décor est en pleine ville,  le terrain de handball, pour l’occasion on y jouera au foot, au sol bétonné, jouxte un immense dôme dans lequel en fin d’après-midi va se réunir un bon millier d’évangélistes pour chanter leur foi en en faisant profiter tout le quartier. Heureusement les réglages de la sono seront terminés quand nous allons commencer à tourner.

 

15. Les enfants soldats

Mozambique - Aldeia Impaputo

Mozambique – Aldeia Impaputo

Guidé par notre poisson-pilote Bob, nous quittons le CCFM à 6h00 pour une longue route, il est prévu 1h30 de trajet sur la feuille de service. Nous traversons toute la ville vers l’Ouest, empruntons l’EN2, passons un péage et bientôt nous nous retrouvons en pleine campagne.

Nous traversons prudemment Boane, une petite ville envahie par des centaines d’élèves, tous en uniforme bleu sombre à chemise blanche, qui rejoignent à pieds le lycée, puis nous bifurquons sur l’EN5, une route bordée par quelques carrières blanches,  dans une contrée vallonnée au paysage arboré verdoyant. La route est en parfait état, le macadam granuleux, la signalisation à peine usée.

Nous arrivons finalement au village d’Impaputo en moins d’une heure.

Nous sommes sur le route qui mène à la frontière avec le Swaziland et  l’Afrique du Sud, respectivement à 7 et 20 km à vol d’oiseau, 45 km par la route à l’Ouest de Maputo.

 

16. Retour à Impaputo

La République des enfants - En route

La République des enfants - En route

Nous voilà de retour dans le village de Impaputo pour finir les premières séquences du film.

Nous avons pris la route plus tard que Bob, mais le chemin est assez simple, EN2, Boane, EN5, c’est bien indiqué. Au départ du CCFM, nous faisons les même détours que Bob pour éviter les éventuels policiers pas gentils avec les automobilistes.

A six heures du matin, il fait encore nuit mais avant d’arriver sur Boane, la campagne environnante se découvre d’une légère brume qui monte du sol. Les couleurs sont magnifiques, les verts profonds de mille nuances du paysage vallonné se heurtent aux rouges de la terre et caressent les bleus orangés du ciel nouveau.

Nous revenons sur le dernier décor de la journée d’hier, pour un plan d’effets spéciaux, les parents de Fatima reçoivent les balles en pleine poitrine et s’effondrent.

 
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17. Le prisonnier

Encore deux jours à tenir dans la menuiserie de la semaine dernière. Rien de réjouissant tant ce décor, situé le long d’une artère importante, dans une zone industrielle, est bruyant, poussiéreux, sale, moche et dangereux.

Départ comme d’habitude à 6h00, la route est connue puisque pour aller à Impaputo, la veille, nous sommes passés devant cet endroit situé au début de l’EN2 . Pas besoin donc de notre poisson pilote.

Alors que la production avait été relativement discrète sur le départ de Teresa, celle-ci, dans un petite note qu’elle a fait mettre à la feuille de service, remercie l’équipe pour sa gentillesse et la confiance qu’elle lui a accordée sur le plateau. Une dernière pensée tout à son image, une fille sympathique et charmante.

C’est sur ce décor maudit que Inês s’était blessée à la cheville, et si nous l’avons brièvement vue sur le plateau mercredi au stade de foot, elle n’était pas à Impaputo, il n’était pas raisonnable de reprendre le travail si tôt avec une telle blessure.

 
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18. Malentendu

On aurait préféré un lieu plus sympathique pour un dimanche matin six heures. La bonne nouvelle c’est qu’après ce soir nous ne reviendront plus dans cette menuiserie déprimante.

Il fait froid, des nuages lourds et gris envahissent le ciel, quelques gouttes sont déjà tombées. Chacun a sorti ses vêtements de pluie, je passe une veste polaire, le parasol de la roulante fait office de parapluie, nous tournons en effet à l’extérieur, sur le terrain vague devant la menuiserie. Au moins le soleil ne créera-t-il pas de problème d’ombre de perche !

C’est une journée de figuration qui nous attend. Peu de texte mais de jolis sons à enregistrer. Le décor ne s’y prête malheureusement guère. La circulation sur l’EN2 est continue et intense.

 

19. Pique-nique à Chiango

La République des enfants - Pique-Nique

La République des enfants – Pique-Nique

Vous connaissez maintenant le timing, lever 5h15, petit déjeuner 5h30, départ du Centre Culturel à 6h00. Bob nous a précédés, pas grave, nous allons retrouver la piste des plages.

Nous tournons à Chiango, une immense plaine envahie, il y a peu encore, par les eaux du delta du fleuve Nkomati.

Après 25 de Setembro, Marginal, voilà cette piste infernale aussi agitée qu’une promenade à dos de chameau.

Nous dépassons la mangrove de la deuxième semaine, traversons le village de pêcheurs de la troisième.

Il y a peu de monde à cette heure-ci mais la piste de sable me fait craindre l’enlisement, j’évite les coups de frein intempestifs et les accélérations inutiles en prenant soin de rester dans les traces, je n’ai pas fait le Paris-Dakar et j’ai l’impression que notre Toyota Noah, bien qu’il existe un modèle qui le soit, n’est pas du tout quatre roues motrices, tant la direction avant flotte.

 

20. Caserne abandonnée

La République des enfants - Travelling

La République des enfants – Travelling

N’ayant pu faire le plein la veille en l’absence du bon d’essence, c’est un peu avant six heures que nous quittons le CCFM pour une halte à la station Total flambant neuve sur 25 de Setembro.

Bien que trois à quatre fois moins chère qu’en France, l’essence reste une denrée de luxe dans ce pays qui a connu des émeutes meurtrières en 2008 lorsque le gouvernement avait voulu en augmenter le prix. A cette époque, devant la pression de la rue, seul le diesel pour les minibus collectifs avait échappé à cette hausse.

Le bon d’essence signé, nous reprenons la route des plages.

Le décor du jour est encore plus loin sur cette piste que nous commençons à bien connaître. Après avoir dépassé la savane de la veille, nous continuons deux kilomètres dans des traces de plus en plus sableuses, où nous ne  croisons qu’une ou deux maisons isolées.

 

21. Champ de mines : progression

La République des enfants - Sur le champ de mines

La République des enfants – Sur le champ de mines

Nous avons deux jours pour réaliser la séquence 2 du film.

Après avoir quitté l’école en emmenant tous les enfants, quel que soit leur âge, le groupe de soldats et leur colonne d’otages arrivent dans une vaste zone désertique qui s’avère être possiblement un champ de mines.

En tête de colonne s’avance prudemment un des soldats les plus expérimentés, un pas en avant, arrêt, un autre pas, arrêt, à nouveau un pas, arrêt, encore un pas, arrêt, il avance avec une assurance indéfectible, même si chaque pas est une menace de mort.

Derrière lui, dans un ballet parfaitement réglé, chaque membre de la colonne en file indienne suit exactement le même rythme cadencé, en prenant soin de mettre précisément son pas dans la trace de celui qui le précède.

Quand le guide lève le pied droit, c’est toute la colonne qui lève le pied droit, quand il le pose, c’est toute la colonne qui le pose dans la marque précédente, quand il lève le pied gauche…

 

22. Champ de mines : explosions

La République des enfants - Waldemar et Gerhard

La République des enfants – Waldemar et Gerhard

Aujourd’hui nous allons en avoir plein les oreilles vue la quantité de poudre noire que Gerhard a mis hier dans les bourres.

Une grande journée d’effets spéciaux nous attend sur la piste de Chiango que nous prenons pour la dernière fois et qui mène au décor du champ de mines de la séquence 2 du film.

Mais auparavant, reprenons le fil de l’histoire où nous l’avions laissé hier.

Mon de Ferro, au mépris de tout danger, a remonté la colonne d’enfants, en dehors des marques, pour engueuler Fatima alors qu’elle donnait une banane à son bébé en pleurs.

C’est à ce moment là que Toni, en tête de colonne avec Tigre, annonce « Mine ! ». Mon de Ferro se précipite vers eux et leur ordonne d’avancer en les traitant de lâches puis s’en va courir au milieu des mines pour leur montrer à quel point il est invincible.

 

23. Mass evacuation

La République des enfants - Pierre et Rovuma

La République des enfants – Pierre et Rovuma

Il est bien agréable parfois de travailler à quelques pas de son domicile.

Le tournage a réinvesti la place de l’Indépendance, en particulier le grand escalier de l’Hôtel de Ville de Maputo et plus tard dans la journée les escaliers monumentaux de la place.

Le temps est assez frais ce matin, agréable après les grosses chaleurs que nous avions connues sur la piste de Chiango. Quelques nuages viennent même parfois masquer le soleil ce qui ne sera pas sans problème pour la lumière.

C’est le début du film, avant et après le Conseil des Ministres adultes.

Avant, c’est Nuta qui arrive au Palais pour y apporter les vêtements cousus pas sa grand-mère, là elle y rencontre Chico, le vendeur de mangues, que Nuta mène par le bout du nez.

Après c’est la débandade et la fuite des officiels du Palais, ainsi que celle de la population qui coure en tout sens sur la grand place.

 
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24. Les fruits du Potemkine

La République des enfants - Place du Palais

La République des enfants – Place du Palais

Depuis plusieurs jours, Flora évoquait l’idée d’une avalanche de fruits dévalant le grand escalier du Palais. Une allusion évidente au film d’Eisenstein, greffé du symbolisme d’une corne d’abondance qui se tarit.

Une idée en l’air qui deviendra défi puis réalité.

Mais revenons avant tout au début de la journée, continuation laborieuse des plans de la foule fuyant la ville sur la grande place au pied du Palais.

En ce dimanche matin, la Place de l’Indépendance, faisant face à l’Hôtel de Ville de Maputo, est à nouveau totalement bloquée pour les besoins du tournage.

Nous avons 80 figurants, des enfants, des adultes, des vieillards, des femmes portant bébé dans le dos, quelques charrettes et animaux, deux ou trois voitures ou minibus, c’est une Afrique moderne et traditionnelle, riche et pauvre qui se côtoie dans la panique, une foule qu’Angela, Dino et Cossa vont faire courir, tomber, pleurer, crier tout au long de cette matinée.